Une directive européenne freine l’exploitation du Nord Stream 2. L’idée d’une vente du gazoduc, dont la construction s’achève à peine, est évoquée dans les hautes sphères européennes.
Longtemps en butte à l’hostilité américaine pour sa construction, le Nord Stream 2 se trouve désormais confronté à des problèmes d’exploitation. Et c’est cette fois-ci l’UE qui freine des quatre fers.
La législation européenne stipule en effet qu’une «dissociation» doit exister entre la société qui fournit le gaz et celle qui le transporte et le distribue sur le territoire des Vingt-Sept. Une mesure visant à garantir la concurrence entre les entreprises du secteur, mais qui désavantage le géant du gaz russe, Gazprom.
L’opérateur du Nord Stream 2 s’est déjà élevé contre cet état de fait, dénonçant une réglementation modifiée en 2019, dans le but justement de torpiller le projet. Mais le Tribunal supérieur de Düsseldorf vient de rejeter un récent recours, porté par Gazprom, qui pointait du doigt les règles européennes, les jugeant discriminatoires.
Devant cette impasse juridique, d’aucuns évoquent désormais ouvertement la piste d’une vente du gazoduc. Une petite musique qu’on entend en particulier à la Commission européenne, selon le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pour certains responsables européens, la vente du pipeline serait ainsi «la seule issue possible», relate le quotidien.
Mi-août, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait déjà critiqué les tentatives d’entrave de la Commission européenne dans l’exploitation du gazoduc. Le ministre des Affaires étrangères avait reproché à l’institution de ne pas conduire « correctement » sur ce dossier.
Fin août, Sergueï Lavrov avait justement souligné que l’exploitation du Nord Stream 2 pourrait renforcer «la sécurité énergétique de l’Europe pour les décennies à venir». Le chef de la diplomatie russe avait mis l’accent sur un «projet purement commercial, mutuellement avantageux», dans un entretien au quotidien hongrois Magyar Nemzet.
Le 19 août dernier, Gazprom avait annoncé que l’Europe pourrait bénéficier dès cette année de 5,6 milliards de mètres cubes de gaz fournis via le Nord Stream 2. Le gazoduc a en effet été achevé à 99% et devrait pouvoir entrer en service après une batterie de tests. (Avec Sputnik)